En vieillissant, l’état des dents ne va pas en s’arrangeant…
Et pourtant, le recours aux soins dentaires diminue avec l’âge. C’est le constat dressé par l’enquête réalisée par l’union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD), l’URPS des chirurgiens dentistes des Pays de la Loire et l’Observatoire régional de la santé. Pour la mener, ils ont analysé les informations du système national des données de santé (SNDS).
Petit point sur le recours aux soins dentaires des séniors.
Oups… En 2017, seulement 43% des personnes âgées de 55 ans et plus ont eu recours au moins une fois dans l’année à des soins bucco-dentaires (qu’ils aient été réalisés en cabinet de ville libéral, en centre mutualiste, en centre de santé dentaire, en consultation externe ou lors d’une hospitalisation).
Les recommandations en vigueur ? Une visite par an, minimum. C’est ce que préconise l’UFSBD sur la base des expériences internationales et des études scientifiques. Respecter cette échéance annuelle permettrait notamment de réduire le nombre de maladies, ou de les prendre en charge rapidement, notamment grâce au dépistage du cancer buccal à partir de 55 ans.
Si le nombre des consultations sont faibles après 55 ans, elles chutent drastiquement à partir de 65 ans.
Et à 90 ans, c’est pire que tout. Un quart seulement des personnes de ce grand âge se rendent au moins une fois chez le dentiste dans l’année.
Comme on pouvait s’en douter, plus la personne est en galère financière et plus la consultation se fait rare. Les visites annuelles chez le dentiste concernent 53% des habitants des territoires les plus favorisés, contre 40% de ceux des territoires les plus défavorisés.
Autre exemple ? 38% des personnes touchant la CMU-C ou l’ACS consultent un dentiste dans l’année, contre 47% chez les personnes qui n’ont pas ces aides (en raison de moyens plus élevés, probablement).
On note aussi des disparités en fonction du régime d’assurance maladie obligatoire. 56% des affiliés aux sections locales mutualistes consultent un dentiste dans l’année, contre 47% des personnes affiliées au régime général, et 42% de celles relevant de la mutualité sociale agricole.
A en croire les chiffres, l’existence de pathologies freinerait les consultations.
Les personnes de 55 ans et plus qui sont prises en charge par l’assurance maladie pour une affection de longue durée consultent moins que les autres (44%, contre 49%).
Certaines maladies, en particulier, font nettement baisser le taux des consultations, comme les maladies neurodégénératives, notamment les démences et la maladie de Parkinson (seulement un quart de ces malades consultent un dentiste dans l’année). C’est aussi le cas du diabète insulino-traité (32% des malades consultent).
Les personnes sous neuroleptiques ou en insuffisance rénale chronique terminale ne sont que 35% à consulter un dentiste dans l’année. Et le taux des consultations annuelles atteint péniblement les 38% chez les personnes touchées par une maladie neurologique ou psychiatrique.
Le constat, c’est aussi que les patients chroniques se rendent très peu chez le dentiste alors que des liens entre santé bucco-dentaire et maladies sont aujourd’hui bien établis.
Pour finir sur un point positif concernant la santé dentaire de nos aînés : le taux des consultations est en augmentation. Ouf.
Cette évolution en hausse devrait se poursuivre avec les actions mises en place au niveau étatique ou régional : reste à charge zéro, complémentaire santé solidaire (qui remplace la CMU-C et l’ACS), ou encore l’action Nutrition Bucco-dentaire Hygiène, lancé par l’URPS des Pays de la Loire, pour une consultation systématique à l’entrée en EHPAD. L’enjeu est de taille, sachant qu’ « au-delà de 75 ans, l’âge et le fait de résider en EHPAD deviennent les principaux facteurs explicatifs du non-recours aux soins dentaires », explique l’étude.
Quoiqu’il en soit, l’enquête sur les consultations dentaires des séniors permettra d’évaluer précisément l’impact de ces mesures dans les années qui viennent…
Affaire à suivre.