On n’est pas dans Matrix, mais quand même.
Les machines prennent parfois un sacré pouvoir. Comme celle, en 2017, qui avait réussi à poser des implants dentaires à une patiente sans aucune intervention humaine.
En 2019, ce sont des chercheurs de l’Université d’État de Pennsylvanie (États-Unis) qui travaillaient sur la conception de micro-robots. Ceux-ci étaient chargés d’éliminer le tartre dentaire en douceur.
Décidément, on veut vous supprimer ou quoi ?
Comme si le dentiste était l’homme à abattre. A cause de ses instruments de torture et des phobies qu’ils provoquent.
Bon, ça vaut quand même le coup qu’on s’y intéresse, à ces petits bijoux technologiques.
Travailler sur des patients plus détendus et qui ont moins mal, ça peut être sympa aussi.
C’est l’histoire de tout petits robots qui détartraient les dents. L’idée est plutôt insolite. Mais le plus fou, c’est qu’ils utilisaient la méthode douce. Ils bichonnaient le patient. Encore plus que ce que vous seriez en mesure de faire, avec tous les meilleurs soins et la meilleure volonté du monde.
Ca paraît fou.
« Mais comment un engin de type Terminator peut-il se montrer plus doux que la chaleur de mes mains?? » vous demandez-vous, incrédule…
… Avant de vous morfondre, un brin réac’ : « Ah, elles vont bientôt réussir à nous complexer, ces machines. Déjà qu’elles étaient plus précises, qu’elles faisaient moins d’erreurs, et voilà maintenant qu’elles sont carrément plus douces que nous ? »
Eh oui. Mais consolez-vous: ce n’est pas en leur déléguant une toute petite part du travail que vous devenez inutile.
Vous voilà rassuré? Revenons donc à nos moutons.
A l’origine de cette invention, la lutte contre les biofilms. L’utilisation d’oxyde de fer associée au peroxyde d’hydrogène entraîne une réaction libérant des radicaux libres, qui s’attaque à la plaque dentaire (au biofilm). C’est le point de départ de cette nouveauté…
… Qui est aussi le fruit du hasard (ou de la destinée, chacun appréciera). Une équipe voisine de chercheurs utilisait les mêmes particules, dans le but de diriger des robots via un champ magnétique.
Les deux équipes se sont alors réunies pour monter le projet grandiose.
Et les robots antimicrobiens catalytiques (RAC) sont nés. De beaux bébés!
Quand la magie opère, que la symbiose est parfaite, c’est l’effet levier. Les résultats se révèlent être au-delà des espérances attendues!
Conclusion, deux bébés sont nés en même temps.
Le premier, constitué de particules d’oxyde de fer en suspension dans une solution, est dirigé vers le biofilm à l’aide d’un aimant.
Le second consiste à incorporer une version complexe de ces particules dans un moule en gel polymère.
D’un côté, des micro-robots en forme d’ailettes. De l’autre, ceux en forme d’hélices, particulièrement bien adaptés pour soigner les canaux.
Ces micro-robots ont d’abord été testés sur une plaque de verre, puis sur des dents, et ils peuvent être fiers d’eux: le succès était au rendez-vous. Surtout pour atteindre la partie des canaux radiculaires située à la base de la gencive, difficilement accessible pour le dentiste.
Qui sait. Demain, vous n’aurez peut-être plus à demander à votre assistante Véronique de vous accompagner dans la pose des implants. Peut-être que Wall-e, votre nouvel allié métallique, pourra s’en charger. Et seul (s’il vous plaît!), sans même avoir besoin de votre aide.
Bien avant les micro-robots anti-tartre (deux ans avant, pour être précis), dans un pays lointain (la Chine), un robot nommé Yomi avait posé des implants dentaires sans l’aide de personne.
Décidément, la Chine, c’est un peu le « the Place to be » de la new Tech dentaire. Vaccin anti-carie, pousse d’émail… Et maintenant robot poseur d’implants.
Un truc de feignant, pour s’économiser de l’effort ?
Pas vraiment.
Avec la pénurie de dentistes qui secoue le pays, les trois quarts des Chinois qui ont besoin d’implants n’en bénéficient pas (soit environ 400 millions de personnes).
En plus, les erreurs sont fréquentes. En cause, une formation des dentistes insuffisante en ce qui concerne l’implantologie.
Alors, les professionnels ont imprimé les deux prothèses nécessaires en 3D (de 0,2-0,3 millimètres), avant de les remettre à Yomi. Le robot les a posés en une heure dans la bouche de la patiente qui s’était portée volontaire. Le tout sous la surveillance d’une équipe de praticiens qualifiés.
Avec une marge d’erreur minuscule en comparaison de celle que présente le geste humain, la dame aurait eu tort de s’en priver. L’appareil est prévu pour réaliser la pose avec une précision chirurgicale (c’est le cas de le dire).
Il n’aura fallu que quatre ans pour mettre au point ce robot.
Et loin d’être un simple exécutant, Yomi est un robot doté d’une certaine intelligence : il s’adapte aux mouvements – même infimes – du patient, mais aussi à la bouche qui se trouve en face de lui, et se repositionne au besoin. Il est capable de cibler le bon mouvement, l’angle et la profondeur nécessaires pour réaliser son exploit.
L’idée est maintenant de le perfectionner pour qu’il puisse aussi traiter les caries.
En attendant, la Chine est le premier pays à l’autoriser à opérer sans l’intervention d’un dentiste!