Ulcérations buccales récurrentes : un motif fréquent de consultation

Les ulcérations buccales sont des lésions souvent rencontrées par le chirurgien-dentiste et constituent un motif courant de consultation. Parmi celles-ci, les ulcérations traumatiques et les aphtes restent les deux plus fréquentes de la pathologie ulcéreuse orale.

Petit rappel. Un ulcère est une lésion qui forme un trou sur la muqueuse buccale (à l’intérieur des lèvres, des joues ainsi que sur la langue ou le palais) lors de la destruction des couches superficielles des cellules. De nombreux ulcères peuvent être rouges, mais certains ont un aspect blanc en raison de dépôts de cellules mortes et de résidus des aliments dans leur partie centrale. La plupart des patients présentent des ulcérations bénignes, qui sont néanmoins gênantes et douloureuses tant qu’elles ne sont pas en voie de guérison. D’autres présentent de graves ulcères qui interfèrent avec l’alimentation (ce qui induit parfois une déshydratation et une dénutrition), le langage et qui peuvent être symptomatiques d’un problème de santé majeur (comme un syndrome de Behcet ou une maladie intestinale inflammatoire).

Plusieurs crises par an

Il arrive que dans certains cas, ces ulcérations buccales reviennent fréquemment. Si certaines personnes ne présentent qu’un ou deux aphtes plusieurs fois par an, d’autres ont des poussées quasiment en permanence. On parle alors d’ulcération buccale récidivante (UBR) ou de stomatite aphteuse récurrente (RAS). C’est la maladie la plus fréquente de la muqueuse buccale. Si environ 80% de la population connait un épisode aphteux avant l’âge de 30 ans, un individu atteint d’une stomatite aphteuse récidivante subira au minimum 4 crises par an. Elle affecte jusqu’à 20 % de la population à un moment donné de leur vie et environ 2 % de manière chronique. Cette pathologie altère considérablement la qualité de vie des patients, notamment par son caractère répétitif, d’où l’importance de la traiter.

Une douleur intense

Les symptômes débutent en général par une douleur ou une sensation de brûlure, suivie sous 48 heures, par une ulcération. La douleur est intense et dure de 4 à 7 jours. Les aphtes ont l’aspect de taches superficielles, rondes ou ovales avec un centre gris et un liseré rouge. Ils disparaissent en général spontanément sous 10 jours, sans laisser de cicatrices. Les personnes qui souffrent de poussées sévères peuvent également présenter de la fièvre, un gonflement des ganglions lymphatiques dans le cou et une sensation de fatigue.

Des causes multifactorielles

De nombreux facteurs semblent prédisposer aux crises ou les déclencher. Cela peut être un traumatisme de la bouche (un brossage iatrogène des dents, des aliments tranchants ou lors d’un traitement dentaire), un stress (par exemple, un étudiant au moment de ses examens) et certains aliments (le chocolat, le café, les arachides, les céréales, les amandes, les fraises, le fromage et les tomates). Les personnes atteintes du Sida présentent souvent des aphtes de grande taille qui persistent plusieurs semaines. Les carences nutritionnelles en fer, acide folique ou en vitamine B12 peuvent aussi être responsables de l’aggravation des ulcères. Le tabagisme est négativement associé à une UBR. On peut également trouver une prédisposition héréditaire : les ulcères sont plus fréquents chez les membres d’une même famille. A noter enfin que les aphtes récurrents sont plus communs chez la femme enceinte.

Des traitements à base de corticoïdes

Le traitement consiste à soulager la douleur à l’aide des mesures employées pour traiter les autres aphtes buccaux. Par exemple, en utilisant des bains de bouche à la chlorhexidine. Le traitement de base est celui des corticoïdes topiques. En première intention, on utilise la bétaméthasone en aérosol. Les patients souffrant d’ulcères très graves peuvent nécessiter des corticoïdes systémiques plutôt qu’une pulvérisation d’aérosol. Dans ce cas, il est recommandé de prescrire 20 mg de prednisolone dès que les symptômes apparaissent puis pendant les trois matinées suivantes.

Cependant, avant de prescrire un corticoïde, le médecin doit s’assurer qu’il ne s’agit pas plutôt d’une infection par le virus herpès simplex, qui serait aggravée par la prise de corticoïdes.

Peggy Cardin-Changizi

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