Pathologie buccodentaire et incidence cardiaque

Les patients présentant une maladie cardio-vasculaire sont souvent amenés à consulter au cabinet dentaire, et à subir des soins bucco-dentaires qui, de par leur caractère invasif, peuvent avoir une incidence sur leur état de santé.

De plus en plus de patients âgés et/ou présentant des maladies chroniques vont consulter un dentiste pour des soins notamment chirurgicaux. Ces patients sont dits à risque car les soins bucco-dentaires peuvent parfois retentir sur leur état de santé. Le patient cardiaque fait partie de ces patients à risque. Il présente notamment trois risques majeurs pouvant coexister ou pas en fonction des pathologies : le risque infectieux, le risque hémorragique et le risque syncopal.

Le risque infectieux majeur lors de soins bucco-dentaires est représenté par l’endocardite bactérienne. Il s’agit d’une pathologie grave, avec un taux de mortalité de 20 à 30%. Elle se manifeste notamment par une fièvre modérée permanente ou oscillante depuis plus d’une semaine, une douleur thoracique, une toux, des douleurs abdominales, une pâleur… Des bactéries (comme le streptocoque viridans ou le staphylocoque aureus qui sont des bactéries commensales de la cavité buccale) vont alors passer dans le sang et se fixer sur des valves cardiaques de chez certains patients.
Pour les patients présentant une pathologie cardiaque à haut risque d’endocardite (patients ayant déjà souffert d’une endocardite, patients atteints d’une cardiopathie congénitale cyanogène ou patients porteurs d’une prothèse valvulaire), les recommandations de l’ANSM (agence nationale du médicament et des produits de santé), indiquent que les soins endodontiques doivent être exceptionnels. Chez ces patients une antibioprophylaxie (ou antibiothérapie préventive) est recommandée pour tout acte impliquant une manipulation de la gencive (détartrage par exemple), une effraction de la muqueuse orale ou une manipulation de la région péri-apicale de la dent (soin endodontique par exemple).

Le risque hémorragique concerne les patients sous anti-coagulants ou anti-agrégants plaquettaires. Ce type de traitement permet de « fluidifier » le sang afin de prévenir la récidive de pathologies cardio-vasculaires. Dans ce cas le chirurgien-dentiste doit donc prendre l’avis du

médecin traitant, voire d’effectuer des analyses sanguines afin d’évaluer si le traitement doit être modifié avant un soin avec un risque d’hémorragie comme une extraction. Lors d’une extraction dentaire, le saignement sera plus important chez le patient cardiaque sous anti-agrégant plaquettaire ou anticoagulant.

La décision de modifier la prescription avant une extraction dépend :

En général le saignement lors de l’extraction est le plus souvent contrôlé par des mesures d’hémostase locale : compression et sutures. Sans que le

traitement soit modifié.

Enfin le risque syncopal se caractérise par une syncope, c’est-à-dire un arrêt cardio-respiratoire de très courte durée avec perte de conscience survenant de manière brutale. En cas de survenue d’une syncope, le patient est immobile, pâle, inerte ; mais peut aussi présenter parfois une crise convulsive de très courte durée. Sa respiration est inexistante et son pouls imperceptible.

Le risque syncopal est présent dans plusieurs affections cardio-vasculaires :

La prise en charge du patient cardiaque doit être basée sur une collaboration étroite avec le cardiologue. Ce médecin doit être contacté avant de réaliser le moindre acte diagnostique ou thérapeutique afin d’établir un plan de traitement tenant compte des risques encourus par le patient.

Par ailleurs, il convient de souligner l’importance de la prévention bucco-dentaire et surtout parodontale des patients exposés au risque infectieux, qui permet de diminuer le taux de bactériémie occasionnée par la maladie parodontale, et par conséquent de diminuer le risque d’endocardite.

Peggy Cardin-Changizi

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