Les sondes nucléiques (ADN) permettent notamment la détection de bactéries difficiles à cultiver ou à identifier. Une meilleure connaissance de l’écosystème buccal et de ses perturbations qui devrait permettre la mise en place de meilleures stratégies thérapeutiques et de tests diagnostic et pronostic.
La plupart du temps, les gingivites sont des infections banales qui atteignent seulement le tissu superficiel du parodonte, à savoir la gencive. Elles sont réversibles car dues, dans la grande majorité des cas, à un brossage inadapté ou insuffisant. Certaines gingivites peuvent aussi être dues à la prise de médicaments (dont ceux utilisés pour le traitement de l’épilepsie par exemple). Si la gingivite n’est pas traitée (brossage efficace, bains de bouche antiseptiques et/ou éventuel détartrage chez le dentiste), elle peut évoluer vers des infections parodontales qui s’installent au niveau des tissus parodontaux, c’est à dire des tissus de soutien de la dent (os, ligament, gencive, cément). C’est la parodontite. Cette inflammation va favoriser le développement des certaines bactéries (comme Porphyromonas.gingivalis, Actinobacillus actinomycetemcomitans, Treponema denticola et Tannerella forsythia) le long de la racine de la dent.
Pendant des années, les chirurgiens-dentistes ont établi leur diagnostic des maladies parodontales en se basant sur les mesures cliniques et radiographiques, qui restent encore la base de l’approche diagnostique. Mais grâce à l’amélioration des connaissances de la pathogénie des maladies parodontales, certains tests diagnostiques supplémentaires – notamment microbiologiques – peuvent être indiqués. Selon l’HAS (ANAES/Service des recommandations et références professionnelles), « le diagnostic microbiologique peut faire appel à 3 méthodes diagnostiques : bactériologique, immunologique et moléculaire. Ces examens ne sont pas de réalisation systématique pour le diagnostic des maladies parodontales. Ils peuvent être proposés en cas de parodontite agressive ou en cas de parodontite réfractaire au traitement. La réalisation d’un examen bactériologique avec culture et antibiogramme est conditionnée par la possibilité de disposer d’un milieu de transport assurant la survie des espèces anaérobies et capnophiles et d’un laboratoire pouvant réaliser une culture en en anaérobiose (accord professionnel).
La sonde ADN est l’examen microbiologie le plus précis. Il fait appel au capital génétique issu du noyau des bactéries inactives et permet leur identification. Ce test est effectué à l’aide de sondes nucléiques (sonde ADN) dont la sensibilité de détection des bactéries permet de descendre jusqu’à 103 bactéries.
Les principaux avantages de ces sondes ADN sont :
– la spécificité maximale lorsque la sonde est bien sélectionnée ;
– la sensibilité, de l’ordre de 10 -3 à 10 -4 ;
– l’utilisation de technique d’amplification telle que la PCR (Polymerase chain reaction) qui permettent d’abaisser le seuil de sensibilité à la présence de quelques bactéries cibles dans l’échantillon ;
– la rapidité, de l’ordre de 24 à 48 heures ;
– le travail sur des échantillons non vivants (contrairement aux cultures bactériennes) ;
– la simplicité et la facilité de standardisation ;
– le coût modéré.
Leurs inconvénients :
– la recherche ciblée de micro-organismes ; impossible de détecter les cas atypiques
– l’impossibilité de connaître la sensibilité aux antibiotiques sans isolement (pas d’antibiogramme).
Une fois les échantillons prélevés et envoyés à des laboratoires spécialisés, le diagnostic peut être alors posé :
Le diagnostic va dans le sens d’une meilleure compréhension de la complexité de l’écologie microbienne sous-gingivale et des interactions hôte parasite associées à la maladie parodontale active. Grâce aux techniques des sondes ADN, la prise en charge de patients avec des formes de parodontites à évolution rapide sera plus efficace. Une nouvelle ère dans l’appréciation de la maladie parodontale.
Peggy Cardin-Changizi