Hypnose en dentaire : ça marche !

La phobie du dentiste. Voilà quelque chose de bien réel et qui n’arrange pas vos affaires. D’abord, parce que la peur du dentiste ou des soins dentaires fait reculer sans arrêt la prise de rendez-vous du patient… Et qu’une fois enfin pris, ce rendez-vous est parfois annulé (au dernier moment ?), carrément oublié (acte manqué ?), ou à la limite de l’ingérable, tellement le patient est tendu.

Mais pourquoi ? Pourquoi vous ? Pourquoi cette phobie spécifiquement dirigée contre VOTRE métier, VOTRE savoir-faire, et pas celui du voisin kiné ?

La sensibilité particulière qui existe au niveau des dents, ces frissons particulièrement désagréables et cette douleur aiguë… Le bruit strident de la roulette… Le fait que l’anesthésie n’ait pas toujours fonctionné par le passé, peut-être, ou que la piqûre anesthésiante ait été presque aussi douloureuse que le soin en lui-même… ?

Peu importe les raisons, en fait. Ce qui compte , c’est que la moitié de la population est touchée par ce phénomène un peu étrange… Mais qu’aujourd’hui, des solutions existent !

Et une en particulier.

L’hypnose.

Utilisée au XVIIIe en dentaire, elle a disparu des cabinets durant plusieurs siècles, avant de refaire surface il y a une dizaine d’années. Et la profession valorise cet élan. En 2018, l’association dentaire française a remis son prix de l’innovation à l’entreprise HypnoVR (spécialisée dans le développement de solutions d’hypnose médicale associée à la réalité virtuelle), pour son logiciel d’hypnose médicale.

Difficile de savoir exactement combien de dentistes sont formés à l’hypnose. Mais ils seraient de plus en plus nombreux à franchir le pas et à développer la pratique dans leurs cabinets.

Alors, pourquoi pas vous ?

 

L’hypnose, comment ça marche ?

Asseyez-vous bien confortablement… Détendez-vous… vos paupières sont lourdes… très lourdes… Hop, vous dormez.

On a tous l’image un peu cliché de cet huluberlu qui vous endort en claquant des doigts.

En vrai, ce n’est pas exactement comme ça que ça se passe. Mais un peu quand même.

Le fait d’utiliser la suggestion et le para-verbal pour inviter le patient à « s’asseoir confortablement », ou en « parlant à un rythme assez lent, sur l’expiration du patient », c’est déjà une première forme d’hypnose, expliquait, au congrès de l’association dentaire française de 2013, Stéphanie Tubert Jeannin, alors responsable scientifique de l’ADF. C’est « de l’hypnose conversationnelle ». Autrement dit, « des petites techniques qui vont aider le patient à se détendre et à pouvoir être mieux à l’écoute, pour pouvoir ensuite mieux participer à une réelle transe hypnotique ».

Je vous vois venir: « Une transe… ??! Ah, Carrément ??? »

Pas de panique.

La transe hypnotique, ça désigne en fait un état modifié de conscience. On est dans un genre de sommeil conscient. Un peu comateux, mais pas ronflant. Légèrement stone, mais toujours éveillé.

Cet état, on le côtoie naturellement quand on est dans la lune ou complètement absorbé par une activité (un film prenant, un livre envoûtant, ou même en conduisant…).

Rien de surnaturel, donc.

Rien de flippant non plus.

D’ailleurs, « ce n’est pas un thérapeute qui hypnotise le patient, c’est un échange, soulignait encore Stéphanie Tubert Jeannin lors du congrès. Le patient a des ressources que le thérapeute va aider à mobiliser ». Un impératif, tout-de-même: « Pour que ça fonctionne, il faut que le patient soit volontaire et motivé à participer à cet exercice ».

Alors le praticien pioche dans sa boîte à outils : lieu ressource, distraction par confusion, surprise… Et le tour est joué. le patient finit par se retrouver dans l’état recherché.

 

Détendre, éloigner la douleur, soigner.

Et une fois le patient sous hypnose, on en fait quoi ?

Ma foi, on fait son travail dans la paix et la sérénité !

L’hypnose a pour intérêt de bien relaxer le patient. De le détourner un peu de la réalité.

La conscience se dissocie en partie du réel, si bien que le patient ne réalise pas ce qui se passe dans sa bouche , dans ses dents, dans l’ici et maintenant.

Un peu comme quand on ferme la porte à clé machinalement sans y penser en sortant de chez soi… Et qu’on doit revenir vérifier qu’elle est bien fermée, parce qu’on ne s’est pas vu faire.

Pourtant, on était bien conscient. Si une personne était avec nous et nous parlait alors qu’on tournait machinalement la clé dans la serrure, on était bien capable de répondre à ses questions et de tenir une conversation. Bref, on était dans un état totalement normal.

Eh bien là, c’est complètement pareil. Le patient n’est plus du tout relié à son anxiété car il n’est pas vraiment présent à lui-même et à ce qui se passe dans sa bouche.

Par cette méthode, l’hypnose aide aussi le patient à gérer les nausées lors de la prise d’empreintes, mais aussi la douleur. On parle alors d’hypnoanalgésie.

En fait, la douleur ne disparaît pas vraiment. Mais l’état de transe hypnotique crée une distance entre elle et la personne, selon le procédé décrit plus haut. Le patient est comme un peu déconnecté de sa douleur. Sur le plan purement scientifique, l’état de transe hypnotique diminue la fréquence des ondes cérébrales et donc la réponse du cerveau face aux stimuli douloureux.

Face à la douleur, l’hypnose a d’ailleurs fait ses preuves, bien au-delà des cabinets dentaires. Elle permet à des femmes d’accoucher sans péridurale, à des patients de suivre des opérations sans anesthésie…

Son succès en cabinet dentaire ne déroge pas à la règle. Et les enfants sont de très bons sujets !

Une fois l’intervention terminée, l’hypnose permet aussi de diminuer la prise d’antalgiques.

Et on peut aller encore plus loin en utilisant l’hypnose à des fins carrément thérapeutiques: débarrasser le patient d’un phénomène de bruxisme, le sevrer du tabac… L’hypnose a donc encore de belles heures de gloire devant elle !

 

 

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