Radié pour cabinet sale. C’est peu commun. (Et heureusement).
C’est ce qui est arrivé en décembre à un dentiste installé dans l’Eure depuis 1989.
Apparemment, il en allait de la santé des patients.
D’abord, il y a eu les signalements. Deux patients se sont plaints les 19 juin et 3 juillet 2019 auprès de l’ordre des chirurgiens dentistes de l’Eure. Patients occasionnels du dentiste, ils avaient remarqué un sérieux manque d’hygiène à son cabinet.
L’ordre a donc diligenté une enquête et s’est dit qu’effectivement, il y avait un problème.
En cause, de graves manquements à l’hygiène et des risques pour la santé des patients. Le rapport fait quand même état d’un « état de malpropreté qui ne pouvait résulter que d’un défaut de nettoyage persistant, tant sur la surface des meubles que dans les tiroirs où sont entreposés les instruments. » On n’en était plus à la micro-poussière oubliée dans sur un coin du bureau au passage du plumeau.
En plus de ça, les bonnes pratiques de stérilisation et d’asepsie n’étaient pas respectées. Pas de soudeuse à sachets, pas de cuves à ultra-sons. La salle de stérilisation – incomplète, donc – était installée « dans une ancienne cuisine sombre et poussiéreuse », décrit le rapport.
Ouf, il y avait bien un autoclave. Sauf qu’à l’audience, le dentiste n’a pas pu démontrer qu’il s’en servait souvent… Ni même qu’il savait l’utiliser. Ce qui n’est quand même pas très très rassurant.
Sa gestion des déchets d’activités de soins à risques infectieux laissait elle aussi à désirer. Les règles d’entreposage n’étaient pas respectées, et ces déchets n’étaient collectés par aucune entreprise agréée.
Alors, face à tous ces manquements, l’agence régionale de santé (ARS) a porté plainte auprès de l’ordre, et la présidente de l’ordre des dentistes de l’Eure s’est ralliée à cette plainte. Elle a demandé la radiation du dentiste.
La sanction est tombée le 16 décembre 2019.
Les centres de santé dentaires échappent au périmètre de l’ordre, mais pas à la réglementation concernant l’hygiène. (Et heureusement.)
C’est comme ça qu’en 2016, la fermeture d’un centre a été prononcée à cause de manquements à l’hygiène. Le 1er septembre 2016, le verdict est tombé… Tadam ! Suspension totale et immédiate de l’activité du centre.
Dentexia Tête d’Or, pour ne pas le citer.
Comme il s’agissait d’un centre de santé, c’est l’ARS Auvergne-Rhône-Alpes (et non pas l’ordre des dentistes) qui était chargée de diligenter l’enquête. Et ce faisant, elle a estimé que « la sécurité des actes n’était pas garantie ».
Stérilisation dans un local inadapté (sans zone propre!), lavage et désinfection du matériel pratiqués dans de mauvaises conditions – et de façon aléatoire, pénurie de produits détergents et désinfectant… La liste est un peu longue et surtout alarmante. Les déchets d’activité de soins à risques infectieux n’étaient ni conditionnés, ni éliminés dans les règles. (Décidément, ceux-là ont la vie rude.)
La société Dentexia est aujourd’hui liquidée.
Sur le plan disciplinaire, quatre dentistes ont été interdits d’exercer pendant 6 mois (dont trois avec sursis pour les uns et cinq pour les autres).
Apparemment, au-delà des conditions d’hygiène, les pratiques des dentistes et leur façon d’exercer le métier laissaient sérieusement à désirer. Certains patients avaient été mal soignés, d’autres littéralement abandonnés en cours de traitements… On a vu mieux, pour soigner les gens.
Le volet pénal de l’affaire est encore en cours. Plus de 1500 plaintes ont été déposées.
Un coup de flip ? Vous n’êtes plus vraiment sûr de faire tout parfaitement tout-à-coup?
Pas de panique. Rendez-vous sur le site de l’Ordre pour un petit check, histoire de se rassurer (mais oui, on croit en vous et en vos méthodes!) Vous trouverez de quoi faire le point sur: http://www.ordre-chirurgiens-dentistes.fr/chirurgiens-dentistes/securisez-votre-exercice/pratiques-professionnelles-vigilances/hygiene-et-asepsie.html .
Vous trouverez à ce lien 7 fiches récapitulatives sur les règles d’hygiène à respecter au cabinet (ou dans les centres).
Hygiène des mains, prévention des accidents d’exposition au sang (AES), nettoyage des surfaces, désinfection des matériels, gestion des déchets d’activités de soins… Rien n’est laissé au hasard.
Quelques exemples :
– Les surfaces souillées par des liquides biologiques doivent être nettoyées et désinfectées avec un détergent-désinfectant de surface. Sur les surfaces des dispositifs médicaux, le produit utilisé doit avoir un marquage CE.
– Les matériels souillés doivent être immergés immédiatement après usage dans un bain de produits détergents-désinfectants situé dans la salle de soins
– Tout cabinet doit obligatoirement disposer d’un stérilisateur performant régulièrement contrôlé et entretenu.
Sur le site de l’ordre, vous trouverez aussi deux guides de prévention des infections liées aux soins publiés par la direction générale de la santé (DGS).
Alors… A vos clics !