La prise en charge des SAOS par orthèse d’avancée mandibulaire

Le Syndrome d’Apnées Obstructives du Sommeil est un problème de santé public qui touche environ 5% de la population adulte en France. En tant qu’acteur de santé le chirurgien-dentiste a un rôle à jouer tant au niveau du dépistage que du traitement.

La prise en charge des troubles du sommeil et en particulier du Syndrome d’Apnées Obstructives du Sommeil (SAOS) chez l’adulte est un véritable enjeu de santé publique. Ce syndrome se définit par la venue d’épisodes anormalement fréquents d’interruptions (apnées) ou de réductions (hypopnées) de la respiration pendant le sommeil. Ces pauses de respiration (allant de 10 à 30 secondes, voire plus) se produisent au moins 5 fois par heure de sommeil et peuvent se répéter une centaine de fois par nuit. En cause : des obstructions répétées complètes ou partielles des conduits respiratoires de l’arrière-gorge survenant au cours du sommeil. Ce qui provoque un manque en oxygène. Ce syndrome est associé à un ronflement nocturne et à une somnolence diurne, conséquence d’un sommeil de mauvaise qualité.

Repérer les patients à risque

En France, le SAOS touche environ 5% de la population adulte. Sa fréquence augmente fortement avec l’âge et celle-ci est plus élevée dans la population masculine : 6% des femmes seraient touchés contre 10% à 12% des hommes. La recherche clinique démontre un lien étroit entre le SAOS et d’autres pathologies chroniques graves comme l’hypertension, les maladies cardiaques, le diabète et l’obésité. En tant qu’acteur de santé le chirurgien-dentiste intervient à plusieurs niveaux. Tout d’abord, en repérant ces patients à risque : ronfleurs, surcharge pondérale et tour de cou important ; comorbidités comme l’hypertension artérielle ; fatigue et somnolence en journée repérées grâce au questionnaire médical. La réalisation d’un quizz sommeil en salle d’attente par le patient peut être un moyen efficace de dépistage du SAOS.

Port nocturne d’une orthèse dentaire spécifique

Le chirurgien-dentiste intervient ensuite au niveau du traitement. Depuis quelques années, la HAS préconise une orthèse d’avancée mandibulaire dans les formes modérées ou légères (indice apnées-hypopnées ou IAH compris entre 15 et 30) et en l’absence de maladie cardiovasculaire :

  • Sa prescription nécessite la collaboration entre un spécialiste du sommeil (diagnostic, traitement, suivi) et un praticien ayant des connaissances à la fois sur le sommeil et sur l’appareil manducateur (examen dentaire, prise d’empreintes, ajustement et réglages).
  • La prescription sera précédée d’un examen dentaire pour éliminer toute contre-indication dentaire ou articulaire.

Ces orthèses vont pousser la mâchoire inférieure en avant et ainsi empêcher la langue de se replier et de bloquer la voie aérienne. Ces appareils, constitué de deux gouttières, augmentent l’espace compris entre la base de la langue et le pharynx.

Pour assurer son bon maintien, l’orthèse doit être réalisée sur mesure et ajustée directement sur les arcades dentaires. Elle doit être portée toutes les nuits. La denture doit être en bon état.

Ces appareils sont parfois responsables de douleurs des articulations temporo-maxillaires et de déplacements dentaires. Un contrôle est nécessaire tous les 6 mois.

Une prise en charge sous condition

La prise en charge est assurée après une entente préalable remplie par le médecin prescripteur, lors de la première prescription, et à chaque renouvellement. Le remboursement du renouvellement est accepté au bout de 3 ans, après l’appareillage précédent, à condition :

  • que l’efficacité du traitement soit démontrée (amélioration des symptômes et diminution d’au moins 50 % de l’indice d’apnée/hypopnée) ;
  • que la prescription soit bien suivie.

La prise en charge d’une orthèse exclut la possibilité de la prise en charge d’un traitement par pression positive continue (PPC). En cas d’échec du traitement par orthèse, un traitement par pression positive continue peut être proposé.

Peggy Cardin-Changizi

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